C’est une joie légitime qu’il ne faut pas bouder que celle de réécouter des musiques chères à son cœur: ne dit-on pas des chefs-d’œuvre – des vrais ! – qu’ils sont inoxydables? Mais n’est-ce pas un bonheur encore plus grand que celui de se laisser surprendre et de découvrir soudain une œuvre exceptionnelle, dont on se demande comment elle a bien pu demeurer aussi longtemps éloignée de ses oreilles?
Alexander Mayer a construit sa saison 2015-16 en satisfaisant l’un et l’autre de ces bonheurs: les pages dans la lumière comme celles encore prisonnières de l’oubli, qui ne demandent qu’à résonner… pour séduire! Un jeu d’équilibrisme qui baigne jusqu’aux concerts exceptionnels des 5 et 7 avril 2016: deux soirées où les musiciens du Sinfonietta de Lausanne partageront les scènes du Métropole et du Victoria Hall avec leurs collègues de L’Orchestre de Chambre de Genève sous la baguette d’Arie van Beek, dans une intéressante mosaïque programmatique imaginée par le chef néerlandais, entre «classiques» inusables et espaces à (re)conquérir.
Vous connaissez la «Jupiter» de Mozart, mais avez- vous déjà goûté au charme déjà génial de sa Première symphonie écrite à l’âge de huit ans? L’«Inachevée» de Schubert n’a plus de secret pour vous, mais saviez-vous que son autre symphonie laissée en plan – celle qui aurait dû devenir la Dixième – a été magistralement complétée et «interprétée» un siècle et demi plus tard par Luciano Berio? Et que connaissez-vous d’autre de Samuel Barber que son incontournable Adagio? L’interprétation de ses «Prayers of Kierkegaard» – données pour la première fois en Suisse – constituera assurément l’un des temps forts de cette saison.
Pour la curiosité… et le plaisir d’ouïr!